ousiologie

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le sens et l'importance des rites et rituels dans la religion africaine et le Christianisme

Introduction

 

 

         L'insistance sur le rôle du sujet individuel dans l'expérience religieuse, si justifiée soit-elle, ne peut nous dispenser de chercher à comprendre le ses des actions collectives par lesquelles  l'homme tente d'exprimer le divin en entrant en relation avec lui. Le dépassement de l'expérience individuelle est nécessaire parce que tout sujet participe, comme l'affirme E. Boutroux, à une vie commune et supérieure dont l'expérience pourrait etre le retentissement dans l'âme individuelle ; et surtout parce que toute expérience religieuse s'exprime en partie dans des actions culturelles. L'affirmation théorique d'une foi, formulée dans un corps de doctrine ? est accomplie dans les rites, ainsi que le rappelle l'adage connu, lex orandi lex credenti. On dira que toutes les actions rituelles, directement inspirées par une volonté de se relier au divin, sont l'expression pratique d'une expérience religieuse et les lieux où celle-ci se réalise.

Toute réflexion anthropologique doit donc nécessairement tenir compte des rites et des rituels, qui constituent sous toutes les formes imaginables, l'un des moyens dont dispose l'homme pour se relier aux puissances supérieures.

 

 

I- APPROCHE THEORIQUE

 

1- Objet d'étude, cadre théorique et champ d'étude :

 

Notre étude portant sur « l'importance et le sens des rites et rituels : analyse comparative entre la religion africaine et le Christianisme », vise à identifier et à comprendre l'importance que revêt les rites et rituels dans la religion africaine et le Christianisme ; autrement dit, il s'agit dans notre étude de saisir la conception que la religion africaine et le Christianisme se font des rites et rituels et l'importance de ceux-ci dans leur approche du divin.

Pour tendre à un tel objectif, vue la pluralité des composantes de la religion africaine et du Christianisme, nous nous limiterons dans la religion africaine, au ………… et dans le Christianisme, au christianisme catholique romain ; pour ensuite étendre notre réflexion à l'ensemble des composantes de ces deux religions.

         Le principe théorique choisis pour l'élaboration de cette étude est le culturalisme.

En effet, les rites et rituels ne sauraient se soustraire des pratiques culturelles. Ils entrent dans un univers de totalité culturelle, car ils moulent l'individu conformément aux pratiques qui lui sont siennes. Leur nature et leur forme dépendent du contexte de production, du statut social, des coutumes de chaque société. Car, la culture justifie l'existence des rites et rituels par le fait que la pratique exige de l'individu à franchir « plusieurs statuts au cours de sa vie et les transitions sont fréquemment marquées par des rites diversement élaborés selon les sociétés ». la preuve en est qu'une « culture qui se voudrait strictement autonome de la religion ne pourrait rester vivante et créatrice dès l'instant qu'elle cesserait d'etre informée et remplie par la substance d'une force religieuse »[1]. La religion ne cesse donc d'informer la culture.

Enfin, cette notion de culturalisme cerne au mieux notre approche de la question du sens et de l'importance des rites et rituels au sens où la religion dans laquelle prend forme les rites et rituels ne peut atteindre l'homme qu'au travers des médiations culturelles de son temps. Ainsi donc, nous ne saisirons le « sens et de l'importance des rites et rituels » que dans un contexte purement religieux ; contexte que nous situons pour notre part dans la religion africaine et le Christianisme, plus particulièrement et respectivement dans le ………………… et le catholicisme romain.

         En outre, les rites et soumis à notre étude entrent dans le cadre de la représentation symbolique et des pratiques adressées au divin. Leur champ d'étude est à considérer dans le contenu de l'anthropologie religieuse, par le fait que les actes et les gestes adressés au divin sont des symboliques émanant de la représentation culturel.

 

2-     Problématique :

On ne se trompe pas en pensant que l'humanité tout entière s'est d'abord exprimée religieusement par ses gestes, la parole apparaissant d'abord comme l'accompagnement, le commentaire, la glose qui se greffent sur les pratiques religieuses.

Nous avons là un exemple de l'importance des rites et rituels. Dès lors, puisque « c'est l'objet du rite qu'il faudrait caractériser pour pouvoir définir le rite lui-même. Or, c'est dans la croyance que la nature spéciale de cet objet est exprimé »[2], donc les croyances expliquent les rites. Ainsi, quelle importance et quel sens revêtent les rites et rituels dans la religion ? Plus particulièrement dans la religion africaine et dans le Christianisme ? Et  encore plus dans le………….et le catholicisme ?

En d'autres termes, comment la religion africaine et le christianisme, et plus particulièrement le……………et le catholicisme expliquent-ils chacun les rites et rituels ? Quel sens et quelle importance représentent-ils pour ces deux religions ?

 

 

 

III- APPROCHE COMPARATIVE

 

A la suite de ces diverses approches, quel rapport peut-on établir entre rite et rituel dans la religion et le christianisme catholique romain ?

 

1- Rapport de l'importance te du sens des rites et rituels entre la religion …

et le christianisme catholique romain :

Pour apporter une ébauche de réponse à cette interrogation, nous emprunterons le chemin de Lévi-Strauss dont les remarques sur la question résument bien les enjeux immédiats. Il souligne que l'analyse des rites passe par celle des ''paroles proférées'', des ''gestes accomplis'' ''et des objets manipulés''.

En effet, nous saisissons l'importance et le sens que revêt le rite soit pour la religion ………...

Soit pour la religion catholique à travers les actes qu'elles opèrent. Car, derrière les gestes se dévoilent les structures. A ce propos Claude - Hélène Perrot a rapporté que les Anyi de Côte d'Ivoire lui affirmèrent lors du rituel de la fête des prémisses ( fête d'igname ) ''voilà qui nous sommes'', présentant le rituel comme une véritable marque d'identité.

         Dans la religion……….. les pratiques rituelles y sont particulièrement abondantes et variées, elles ont une grande place dans la vie quotidienne collective. C'est aussi dans cette religion comme la plupart des religions traditionnelles que les rites semblent échapper le plus à des systèmes rationnels de pensée ; mais cette irrationalité, au moins apparente, des rites ne veut pas dire qu'ils sont étrangers à tout système cohérent de représentations : ils sont généralement intégrés aux grandes conceptions mythiques en vigueur dans cette religion ; ils dépendent largement des mythes, ils en sont souvent une sorte de célébration, et, en retour, ils contribuent à consolider les mythes.

La principale caractéristique de ses rites, c'est que par eux les hommes s'efforcent d'entrer en rapport avec un monde supra-humain, avec des êtres surnaturels, avec le domaine du sacré ou, terme plus général encore du " numineux ", c'est-à-dire de ce qui apparaît à l'homme comme mystérieux et le dominant, à la fois effrayant et attirant. Les hommes de la religion………..cherchent tant à bénéficier des faveurs des forces supra-naturelles qu'à se protéger de leurs menaces. Ils s'efforcent donc soit d'agir sur ces forces ou ces êtres supra-humains et de disposer de leur puissance (et l'on a des rites magiques) soit d'incliner le volonté et la bienveillance de ces êtres surnaturels (et l'on a les rites religieux). Mais dans un cas comme dans l'autre, il faut que les rites utilisés (paroles, gestes, objets) obéissent strictement à des prescriptions codifiées : c'est la condition indispensable pour qu'ils soient efficaces.

Pour certains, les rites religions traditionnelles sont essentiellement irrationnels et absurdes. Il est vain de leur chercher une fonction. Ils sont une production quelque peu délirante d'une imagination débridée.

Parmi les tenants de cette position, on peut citer : plusieurs penseurs des " Lumières " au XVIIIe siècle, des représentants du courant positiviste (au XIXe et XX e siècle) comme Auguste Comte en référence à sa " théorie des 3 états " ; Frazer ; le " Cercle de Vienne " (Carnap etc.).

Toutefois, devant l'universalité des rites, la plupart des autres penseurs qui ont étudié ce phénomène (ethnologues, sociologues, psychologues, philosophes) ont été conduits à attribuer aux rites un sens et une fonction. Voici quelques unes des théories qui ont été élaborées :

- Bergson (" Les deux sources de la morale et de la religion "). Les rites sont issus de la " fonction fabulatrice ". Celle-ci les invente pour remédier à certains risques que l'intelligence, laissée seule, ferait courir à l'individu et à la société. D'elle-même, l'intelligence conduirait à l'égoïsme et, devant l'inévitabilité de la mort et les déficiences de la technique, au découragement. La fonction fabulatrice permet à l'homme de retrouver confiance grâce à des risques magiques supposant l'intervention de puissances supra-naturelles.

 - Freud : Les rites sont essentiellement des réactions suscitées pas l'inconscient soit pour lutter contre l'angoisse venant de situations oedipiennes, soit pour combattre tout sentiment de détresse : pour retrouver la sécurité que lui valait dans l'enfance sa dépendance à l'égard de son père, l'homme adulte se crée des dieux qu'il cherche à se rendre propices par des rites. Soit pour satisfaire illusoirement ses désirs : les puissances refoulées arriveraient à s'exprimer, mais sous forme déguisée, à travers des rites.

 - Marx : Les rites, éléments de la " superstructure ", seraient des reflets, et parfois des outils, des conflits qui se situent au sein de " l'infrastructure ".

d - Malinovski (1884-1942). Pour l'école fonctionnaliste, dont il est le chef de file, tous les faits ethnologiques (donc les rites) jouent un rôle dans le système culturel d'une société. Les rites pallient les déficiences de l'instinct qui, chez l'homme, n'est pas auto-régulé ; par leurs obligations et leurs interdictions stéréotypées, ils réglementent la conduite humaine et rendent la vie sociale possible.

Les rites paraissent essentiellement ambivalents. Ils peuvent comporter des aspects tout à fait positifs, avoir des effets fort utiles, et même, sous certaines conditions, se révéler indispensables. Mais ils peuvent aussi se montrer très négatifs et entraîner des conséquences gravement dommageables.

En ce qui concerne la religion catholique, D'abord pour qui ne partage pas la Foi chrétienne, les rites catholiques seront nécessairement et logiquement analysés comme tous les autres rites. Ils apparaîtront comme un effort des catholiques pour entrer en relation avec le Dieu auquel ils croient, de même que les hommes des religions traditionnelles s'efforcent d'être en rapport, dans leurs rites, avec les êtres surnaturels de leurs croyances. Ou bien, comme les rites profanes dans la société civile, les rites religieux paraîtront contribuer à assurer la cohésion de la communauté chrétienne et la fidélité de sa mémoire collective. Enfin, vus de l'extérieur, ces rites pourront paraître parfois énigmatiques, déconcertants, bizarres.

Pour celui qui a la Foi, qu'en est-il ?

D'abord il affirme qu'il y a quelques rites essentiels, indispensables : ceux qui constituent " le noyau dur " des sacrements. Pour le croyant les sacrements sont des " signes sensibles " (c.a.d. des ensembles de paroles et de gestes perceptibles et signifiants) qui produisent effectivement ce qu'ils signifient parce qu'ils viennent du Christ. Ainsi, parce que celui-ci a dit " Pardonnez les pêchés, ils seront pardonnés ", on croit qu'une personne à qui un prêtre dit " Je te pardonne tes pêchés " est réellement pardonnée par Dieu (si du moins elle est dans les dispositions intérieures requises, car, en ce domaine, il n'y a pas d'automaticité mécanique : les sacrements ne sont pas de la magie).

Autour de ces quelques rites essentiels, immuables ", se sont peu à peu agglutinés de nombreux autres rites, surtout après le 1er siècle. On a ajouté des rites et des prières, parfois empruntés à des liturgies plus anciennes. : Pour déployer, dans la durée, la richesse complexe de chaque sacrement ; pour préparer à la réception des sacrements ; pour soutenir et nourrir la Foi et la prière des chrétiens ;  pour aider les chrétiens à s'unir à Dieu dans toutes les circonstances de leur vie ; pour rappeler les principaux faits de la vie du Christ, ou de certains saints.

Dans le foisonnement de rites qui s'est ainsi établi, tout n'est pas sur le même plan : Certains rites sont normalement obligatoires. Mais des raisons sérieuses (urgence etc...) peuvent amener légitimement à les simplifier ou à les supprimer ; d'autres sont seulement conseillés ; d'autres sont entièrement libres ; d'autres sont tout juste tolérés ; d'autres sont vraiment déconseillés ou interdits (lorsqu'ils seraient trop facilement entachés de superstition).

A quelque niveau qu'ils se situent, ces rites doivent toujours être l'expression d'une attitude intérieure sincère, d'une recherche d'Alliance aimante avec Dieu, et ils doivent toujours s'accompagner d'attitudes fraternelles envers les autres.

Mais, bien sûr, la manière concrète dont ces rites sont vécus - par des hommes qui ont leurs limites et leurs faiblesses - est souvent imparfaite. De nombreuses déviations peuvent exister : soit le ritualisme (: croire que tout réside dans l'accomplissement matériel impeccable des rites) soit la tendance à la superstition et à la magie (on pense pouvoir acheter les faveurs de Dieu par tel rite, au lieu de tendre, avec le secours des rites, à mieux nous donner à Dieu) ; enfin, chez certaines personnes plus ou moins névrosées, leur état pathologique peut s'exprimer dans le registre des rites (ou des sentiments) religieux. Cela n'autorise pas à affirmer, comme l'a fait Freud, que toute la religion n'est qu'une névrose collective. Mais il est sûr que certains gestes, apparemment religieux, ne sont que (ou : sont surtout) le support d'un déséquilibre psychique.

Aussi, dans la communauté chrétienne, un effort permanent doit être fait pour que la manière de vivre les rites se purifie sans cesse et soit vraiment authentique.

En clair, la religion…………semble attacher plus d'importance au rite et ignorer le rituel. Pour cette religion seule importe le rite ; mais le rituel comme livre qui contient l'ordre et la manière des cérémonies qu'on doit observer dans la célébration du service divin, comme livre qui traite des rites d'un culte n'a apparemment pas de sens ni d'importance. Cet absence de sens ou d'importance viendrait du fait que cette religion n'aurait pas mis sous un aspect formel sa manière de procéder dans son culte au divin.

Aussi, pourrait-on comprendre ce fait comme la marque de la grande importance que revêt le rite pour la religion………… car, le mettre par écrit serait le vulgariser et donc permettre à tous d'en connaître les secrets, ce qui ne doit pas être le cas, étant donné que seul est permis à l'initié, à l'autorité (celui qui le légitime, qui le décrète et enfin qui l'organise) d'en connaître les rouages.

         Cependant, chez les catholiques, rite et rituel semblent avoir la même importance, mais cependant pas le même sens.

Tout deux s'accompagnent mutuellement : sans rituel, nul rite ne serait donné et sans rite nul rituel. Le rituel dans le catholicisme favorise une dimension collective et universelle du rite ; et lui donne ainsi une plus grande importance. La force de ceux-ci est leur capacité à créer des liens.

Ayant perçu le sens et l'importance des rites et rituels dans la religion ……….. et dans la religion catholique, que pourrons-nous dire des autres religions qui s'apparentent à celles-ci ?

 

2- généralisation ou mise en relation de l'importance et sens des rites et rituels dans les autres religions

 



[1] Michel Meslin , L'expérience humaine du divin, Cerf , Paris, 1988, P.20

[2] Emile Durkheim, Les formes élementaires de la vie religieuse, Puf, Paris, 1960, P.50



17/04/2009
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