ousiologie

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Proslogion de Saint Anselme

            L‘œuvre m’ayant servi d’objet de recherche en la matière de théodicée s’intitule : SUR L’EXISTENCE DE DIEU (PROSLOGION) . celle que je possède est la huitième édition parue chez l’éditeur "librairie philosophique J. Vrin" en 1992.cette édition nous présente l’œuvre sous deux versions : latine et française.

Le choix de l’oeuvre s’est porté sur un auteur du moyen âge et particulièrement Saint Anselme (1033-1109) ; car non seulement, c’est l’une des figures les plus caractéristiques de l’ontologisme mais également il est l’un « des premiers et des plus grands philosophes du moyen âge »[1]. Mais aussi, parce que son œuvre : Sur l’existence de Dieu (Proslogion) est la plus célèbre et a joué un rôle de premier plan  dans l’histoire de la philosophie médiévale : époque caractérisée par l’émergence du Christianisme. Cette œuvre est une prière avec laquelle Saint Anselme remercie Dieu de lui avoir donné l’idée de la preuve de l’existence de Dieu.

Je me suis mis à la lecture de l’introduction de l’œuvre pour y avoir une certaine idée générale, puis dans le cadre de l’exploitation de l’œuvre je me suis référé à la table des matières pour voir les parties concernant la théodicée et je me suis attelé à la lecture scrupuleuse de ses différentes parties pour en saisir la clé de voûte.

Dans un souci de rendre compte de cette lecture minitieuse, du rapport de  la thèse de l’auteur avec la théodicée ; nous allons dans un premier temps présenter les grandes parties de l’œuvre, ensuite secondairement rendre compte de manière explicative de la thèse de l’auteur et enfin dégager le rapport de cette thèse avec la théodicée.

D’abord, notons que cette œuvre est subdivisée en trois grandes parties :
   La première partie qui s’intitule " Proslogion " part de la page 01 la page 55 et comprend 26 chapitres : dans cette première partie est abordée le vif du sujet c’est-à-dire de l’existence de Dieu et c’est sur cette partie que s’est porté notre intérêt pour la recherche.

   La deuxième partie, intitulée "Pour la défense de l’insensé", part de la page 56 à la page 69 et comprend contrairement à la première partie huit sections : cette deuxième partie est du livre de Gaunilon, le premier adversaire de Saint Anselme dont on ne sait à peu près rien, sauf qu’il a été  moine à l’abbaye de Marmoutier, près de Tours. Ce dernier essaie de remettre en cause la démonstration Anselmienne de l’existence de Dieu en prenant la défense de l’insensé. Pour cela, il s’appuie sur deux choses essentielles ; le fait que dans la pensée peut y être n’importe quelle chose de la même manière que Saint Anselme dit que Dieu peut y être et cela même si ses choses sont inexistantes ; et aussi partant du fait que l’on pas une connaissance empirique de cet être, or toute connaissance part de la connaissance empirique.

   La troisième partie, intitulée "Apologie de Saint Anselme" commence à la page 70 puis prend fin à la page 97et comprend 10 chapitres :Dans cette dernière partie, face à la défense de l’insensé qu’assure Gaunilon, Saint Anselme répond en explicitant sa pensée.

A la suite de tout cela, intéressons nous aux parties de l’œuvre que nous avons choisie.

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            Dès l’abord, Saint Anselme se donne comme objectif la démonstration rationnelle de l’existence de Dieu ; objectif formulé dans la préface du Proslogion. Pour aboutir à cette démonstration comme tout bon philosophe, il s’appuie sur un postulat ; ce postulat, étant le fait que les pensées peuvent être classées par ordre de grandeur, en d’autre terme, la réalité d’une chose est supérieure à la pensée de la chose étant donné que la chose est dite et que je la comprend. Cette démonstration s’adresse comme il le dit à "l’insensé".

Ainsi, il définit Dieu dont il veut prouvé rationnellement l’existence comme : « Aliquid quo nihil majus cogitari potest »[2], c’est-à-dire « quelque chose dont on ne peut rien concevoir de plus grand »[3]. Il apparaît clairement qu’à partir de là,il veut démontrer l’existence de Dieu,qui pour lui, n’est pas seulement dans la pensée mais qui en outre existe réellement, véritablement en dehors de la pensée ; car lorsque l’insensé l’entend dire, il comprend ce que l’on dit, ensuite parce que ce qu’il comprend est nécessairement tel qui n’est pas seulement dans l’entendement, mais aussi dans la réalité. Celui qui cherche à comprendre si Dieu existe , peut comprendre ce ^principe parce qu’il se trouve dans son intelligence ; si l’on admet par la suite que ce qui est plus parfait n’est pas seulement pensé mais qu’en plus, il existe en réalité à priori, alors doit exister nécessairement ce qui est tel qu’on ne peut rien penser a priori de plus parfait. Pour lui donc, penser un être comme existant est plus grand que de le penser sans qu’il existe en dehors de la pensée, c’est-à-dire comme simple concept. Penser  quelque chose comme existant en dehors de la pensée, et pas seulement comme un pur concept, c’est penser plus ; c’est une pensée qui a plus de poids. Partant de son exemple du tableau, il est évident que l’on puisse penser le tableau avant de l’avoir fait ; je peux en outre penser au tableau une fois qu’il est réalisé et cette dernière pensée contient davantage que la première. Puisqu’il a défini Dieu comme « Aliquid quo nihil majus cogitari potest », on ne peut pas le définir comme un simple concept, sinon l’on pourra penser quelque chose de plus grand que lui, c’est-à-dire cet être avec en outre, l’idée qu’il existe en dehors de ma pensée ; ce qui serait contraire à la définition de départ. L’ on est donc dans la nécessité de penser Dieu comme existant en dehors de la pensée, par définition, sinon, ce n’est plus Dieu que je pense. la clé de la démonstration de Saint Anselme se trouve ainsi dans sa définition de Dieu. Il étend l’argument en constatant que, d’après la définition de départ de Dieu la non-existence d’un tel être est inconcevable, car ce qui existe nécessairement, est plus parfait que quelque chose dont la non-existence peut être pensée, et qui existe donc par contingence. Saint Anselme accorde à l’être une priorité sur le connaître. Mais l’intérêt de ce texte me semble-t-il, c’est qu’il se place entièrement du point de vu de la pensée. C’est la pensée elle-même, en elle-même, qui doit reconnaître l’impossibilité d’une existence seulement dans l’intellect de l’« Aliquid quo nihil majus cogitari potest ». il démontre l’existence de Dieu par un raisonnement par l’absurde. Il émet une pétition de principe que constituent les deux hypothèses suivantes :

- l’on pense à Dieu comme quelque chose par rapport à quoi on ne peut rien penser de plus grand ;

- penser à quelque chose et penser que ce quelque chose existe est plus grand que penser à quelque chose sans penser qu’il existe.

 On en conclut alors que si on pense à Dieu, on pense nécessairement qu’il existe. Or, on remarque déjà que la conclusion est inscrite dans les deux hypothèses.

La conception Anselmienne de la vérité nous a fait voir que penser un être seulement dans l’intellect est moins que penser cet être dans la vérité. Penser seulement un être c’est moins que, en outre , penser à lui ; c’est-à-dire qu’il est plus grand pour un être de ne pas seulement être dans l’intellect. Or, nous pouvons penser que Dieu n’est pas seulement dans l’intellect, donc, comme il est ce par rapport à quoi nous ne pouvons rien penser de plus grand, il ne peut être pensé comme existant seulement dans l’intellect. En d’autres termes encore, d’un être qui est seulement dans l’intellect, je peux penser quelque chose de plus grand, c’est qu’il existe en dehors de la pensée, dans la chose, et pas seulement dans l’intellect ; et en cela nous pouvons nous en référer au tableau.

Dans cette démonstration, quelle rapport pouvons-nous en tirer avec la théodicée ?

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            Ensuite, pour ce qui est du rapport de cette démonstration avec la théodicée, faisons remarquer d’abord que la théodicée est étroitement liée à l’ontologie. Sur cette base, on peut déjà affirmer que Saint Anselme, parce qu’il est l’un des exemples les plus caractéristiques de l’ontologisme et que son œuvre se veut de prouver rationnellement l’existence de Dieu n’est pas en marge de la théodicée. Dans sa démonstration en effet Saint Anselme s’appuiera sur l’ontologie. Il part de la circularité de la notion de l’être ; ce qu’il exprime quant il défini Dieu comme celui « dont on ne peut rien concevoir de plus grand »[4].

La théodicée intéresse beaucoup plus la vie ; or, qui parle de vie, parle d’existence et donc d’être. On peut donc en déduire que la théodicée intéresse beaucoup plus l’être et partant de sa définition, principalement l’être suprême qu’est Dieu. Ici également on note un point de siture avec la preuve Anselmienne de l’existence de Dieu quant ce dernier affirme : « toi seul [l’être suprême], par conséquent, possède l’être de la manière la plus vraie et par là même la plus haute de tout »[5] ; il renchérit : «  tout ce qui n’est pas toi n’est pas d’une manière aussi vraie, et par là même a un être moindre »[6]. Il apparaît clairement que Saint Anselme met en exergue les attributs de Dieu , ce qu’également fait la théodicée ; car en affirmant que tous les autres êtres ont un « être moindre »[7]que Dieu, il fait ressortir le caractère d’être de Dieu, d’absolu, d’infini en ce sens que l’infini ne s’oppose à aucun autre et donc ce qui inclut que le fini dépend de lui et ainsi mettant en évidence la cause du fini.

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            Enfin, au terme de notre recherche, il nous incombe de souligner que l’œuvre de Saint Anselme m’a été bénéfique suivant le rapport de sa thèse avec la théodicée. Sa démonstration par l’absurde m’a facilité la compréhension du texte, de même que le langage soutenu dont il use pour rendre compte de sa pensée. Cependant ne pourrions-nous pas penser que sa démonstration comprend certaine limite ?



[1] Saint Anselme,Sur l’existence de Dieu ( Proslogion),Paris, Librairie philosophique J.Vrin, 1992,P.V

[2] Ibid. , P.12

[3] Ibid. , P.13

[4] Ibidem

[5] Ibid. , P.15

[6] Ibidem

[7] Ibidem



23/06/2008
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